Les 5 pathogènes du sol les plus communs
par Hugo Alix, agr., M. Sc.
La production de cultures à haute valeur ajoutée pousse les producteurs à exercer un contrôle toujours plus précis sur leur environnement, ce qui est encore plus vrai dans un contexte où on cherche à allier production de proximité et augmentation de productivité par unité de surface. Les technologies d’aujourd’hui nous permettent de produire plus sur une surface plus petite, mais le revers de la médaille est que lorsqu’un problème survient, celui-ci peut avoir un impact majeur, beaucoup plus important que sur une production plus extensive. Ce petit guide a pour objectif de vous fournir certains outils afin de mieux prévenir l’apparition de maladies du sol.
Les 5 pathogènes du sol les plus communs
Pythium
Phytophthora
Thielaviopsis
Rhizoctonia
Fusarium
6 facteurs qui influencent le développement des maladies
Fertilisation, pH, salinité du substrat et qualité de l’eau
La concentration en sels solubles, mesurée par la conductivité électrique (C.E.), et le pH d’un substrat dépendent de la quantité, de la qualité et du type de fertilisant, d’eau et de substrat utilisés. La C.E. et le pH sont deux paramètres chimiques que vous devez absolument surveiller car ils vous permettent de détecter d’éventuelles anomalies liées aux mélanges de fertilisants ou à la source d’eau utilisés (p. ex., l’eau provenant d’un approvisionnement collectif, l’eau de pluie, les puits, l’eau recyclée, etc.).
Ces deux paramètres doivent être ajustés selon l’espèce cultivée afin d’avoir une croissance optimale et une plante en santé. Une plante qui dispose de tous les éléments nutritifs dont elle a besoin, au moment où elle en a besoin, sera une plante vigoureuse et plus apte à résister à l’apparition de maladies.
Lumière
La lumière est un paramètre essentiel que vous devez maîtriser dans votre serre. En raison des variations météorologiques et des changements climatiques (saisonniers ou ponctuels), il est primordial d’ajuster la quantité de lumière que reçoivent les plantes. Il faut réussir à ajuster les systèmes d’ombrages pour utiliser la lumière naturelle à son plein potentielle, sans pour autant provoquer des dommages aux plantes à cause d’un excès de lumière. Le printemps et l’automne sont deux périodes pendant lesquelles des ajustements fréquents sont nécessaires. Les dommages liés à la lumière n’auront pas d’incidence directe sur le développement de maladies du sol. Cependant, ils peuvent affaiblir les plantes, ouvrant ainsi la voie aux maladies.
Température et humidité
La température et l’humidité sont deux autres facteurs climatiques que vous devez contrôler pour obtenir tout le potentiel de développement des plantes. Ceux deux paramètres ont un rôle majeur dans l’apparition des maladies du sol. Un environnement frais et humide offre les conditions idéales pour le développement de nombreux pathogènes. Par conséquent, il est important de maintenir la température et l’humidité à un niveau optimal afin d’éviter les écarts de température excessifs, la circulation d’air non homogène, la condensation, etc.
L’hiver est une saison pendant laquelle vous devez accorder une attention particulière à la température la nuit. Si vous espériez réduire votre facture de chauffage en abaissant la température de quelques degrés, vous risquez de voir apparaître des maladies ou de vous retrouver avec des plantes endommagées par le froid (« chilling injury » en anglais) (Pennisi et Thomas, 2015). De plus, un système de chauffage mal entretenu, notamment s’il fonctionne au diesel ou à l’essence, peut produire des gaz nocifs pour les plantes comme l’éthylène. En guise de précaution, vous pouvez conserver quelques plants de tomates à titre de référence, car ceux-ci sont très sensibles à l’éthylène, même à de faibles concentrations.
Pratiques d’irrigation
Vos pratiques d’irrigation peuvent avoir une grande influence sur la propagation de maladies dans votre serre. Si vous arrosez manuellement vos plants par le haut, les éclaboussures peuvent disperser les maladies et avec le feuillage humide cela crée un environnement idéal à leur propagation. L’irrigation à l’aide de matelas capillaires, de tables à marée (« Ebb and Flow » en anglais) ou par goutte-à-goutte sont des techniques qui réduisent les risques de propagation des maladies.
Le volume, la fréquence et le moment d’irrigation sont aussi importants et influencent beaucoup l’apparition de maladies du sol. Un arrosage trop abondant, même à faible fréquence, peut entraîner l’asphyxie des racines. L’inverse est également vrai : un arrosage trop fréquent de vos plantes, même avec de petites quantités d’eau, peut également asphyxier leurs racines. De même, si apportez un trop grand volume d’eau en fin de journée, le substrat peut ne pas avoir le temps de s’égoutter suffisamment, surtout en hiver lorsque les températures chutent considérablement la nuit et que l’humidité augmente. Un substrat trop humide trop longtemps n’est pas du tout recommandé et augmente beaucoup les risques d’apparition de maladies. Il est nécessaire d’avoir des intervalles entre les épisodes d’irrigations assez longs pour que le substrat puisse suffisamment s’assécher.
La source de l’eau d’irrigation peut également avoir un impact direct sur les maladies du sol. Pour celles et ceux ayant un puits de surface, avec-vous déjà testé la présence de pathogènes comme Pythium spp., Phytophthora spp. ou Erwinia spp. ? Beaucoup de pathogènes du sol se transmettent par l’eau d’irrigation. C’est également le cas lorsque vous recyclez votre eau, il est important de s’assurer qu’elle n’est pas contaminée avant de la réinjecter dans votre système.
Cultivars
Lorsque vient le moment de choisir vos cultivars, il est important de bien identifier leurs sensibilités aux différentes maladies. L’objectif n’est pas d’avoir le cultivar qui résiste au plus grand nombre de maladies, mais bien celui qui résiste aux maladies auxquelles vous faites souvent face ou pour lesquels il y a une forte pression environnementale. Les espèces végétales ne disposent pas toutes de cultivars spécifiquement identifiés comme résistants aux maladies. Il est donc important d’avoir recours à d’autres paramètres décisionnels, comme la durée du cycle de production, les exigences en matière de lumière et d’humidité et autres, pour garantir une adéquation parfaite avec votre zone géographique et/ou aux différentes options de contrôle du climat que vous offrent vos installations.
Nettoyage et désinfection
Le dernier point, mais finalement le premier auquel nous devrions tous faire attention : l’hygiène.
Que ce soit lors de l’achat, ou de la production de vos semences, de vos boutures ou de vos plants, il est impératif de prendre toutes les dispositions nécessaires pour réduire le risque de contamination. Dans le cas des achats, vérifiez qu’il s’agit de produits certifiés, placez-les en quarantaine dans un endroit isolé et si vous en avez l’occasion, prélevez des échantillons et faites-les analyser afin de vous assurer de leur innocuité. Assurez-vous aussi que le matériel utilisé ait bien été désinfecté et que vos employés aient bien été formés sur l’attitude à adopter pour limiter les contaminations.